OBSOLESCENCE RAPIDE DANS LE DOMAINE INFORMATIQUE
Dans le dictionnaire Larousse édition 2017, le terme « obsolescence » est défini comme « la diminution de la valeur d’usage d’un bien de production dû non pas à l’usure matérielle, mais au progrès technique ou à l’apparition de produits nouveaux ou à un changement de mode ».
On définit également l’obsolescence dite « programmée » c’est-à-dire l’ensemble des moyens mis en œuvre par le fabriquant pour diminuer la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin de le remplacer par un autre produit.
Pourtant l’obsolescence programmée et le vieillissement accéléré des ordinateurs participent à la raréfaction des matières premières nécessaires à la fabrication de ces matériels. Cela pose également un problème d’accroissement des déchets qui ne sont pas facilement recyclables.
Dans le domaine de l’informatique, l’obsolescence concerne le matériel et les logiciels.
- Concernant les microprocesseurs utilisés dans les ordinateurs, la puissance des ordinateurs progresse au fil des années selon les lois de Moore. Une de ces lois prédit le doublement du nombre de transistors dans une puce tous les deux ans.
Ainsi le premier processeur en 1941 « Intel 4004 » était cadencé à 0,74 Mhz, il possédait 2300 transistors et il traitait une largeur de données de 4 bits. En 2015 le « Intel core i7 » comportait 1 750 000 000 de transistors à 4 GHz avec un bus de 64 bits. Le cerveau humain possède 100 000 000 000 de neurones à 1 kHz, selon le fabriquant de processeurs INTEL.
Cette augmentation de puissance de calcul s’est concrétisée dans le monde industriel au fil des ans par une progression en escalier. Chaque marche représente un palier technique dit cohérent ou compatible. C’est-à-dire pour simplifier : des machines avec une puissance déterminée, comportant des programmes dans une version et reliées à un réseau à une vitesse déterminée.
A titre de comparaison : en 1990 les PC comportaient des processeurs Intel 80386 avec 2MB de RAM 8MB et pouvaient faire fonctionner Windows 3.1 avec une carte réseau en option alors qu’en 2015 le minimum requis est un processeur de 1Ghz et 2GB de mémoire pour Windows 10 en 64 bits avec une carte réseau sans fils wifi.
L’obsolescence des différents composants est très rapide et le matériel doit être renouvelé.
- Quant aux logiciels, les éditeurs les remplacent régulièrement par de nouvelles versions. Leur objectif est de réduire leurs coûts de maintenance en limitant le nombre de versions à maintenir et de vendre un nombre croissant de nouvelles licences. Il est difficile pour les entreprises de garder une ancienne version qui convient parfaitement aux besoins mais qui ne sera plus maintenue par l’éditeur (plus de mises à jour avec risques de failles de sécurité).
Les mises à jour les plus délicates sont celles des systèmes d’exploitation. En effet les nouveaux systèmes d’exploitation sont « plus gourmands » en termes de puissance des processeurs et de quantité de mémoire, nécessaires au bon fonctionnement de l’ordinateur ou des programmes.
Il est indispensable d’évaluer au préalable si le parc de machines installées peut supporter ces mises à jour ou acheter des machines plus puissance le cas échéant.
De même, il peut exister des problèmes de compatibilité entre le nouveau système d’exploitation et les autres logiciels déjà installés. Ces changements sont des opérations très lourdes et coûteuses, imposés aux entreprises et qui sont indispensables.
A titre d’exemple : Microsoft a annoncé que la fin de la maintenance de Windows XP aurait lieu le 8 avril 2014. Le parc de machines concernées par cette mise à jour était très important dans les entreprises. Les banques ont dû migrer également les distributeurs automatiques de billets qui utilisaient aussi cette version de Windows.
Au cours d’un des entretiens que nous avons réalisés, un chef de projets mainframe, nous a confié : « […]Ce sont des applications robustes, qui ont tenu pas mal d’années et qui auraient pu se pérenniser mais la technologie évolue et tous les investissements n’ont pas été faits soit côté éditeur soit par la banque ou les deux.
Les technologies évoluent vite, de plus en plus vite. Les applications dont nous assurons la maintenance ont été écrite en cobol [langage de programmation]. Le cobol n’est pratiquement plus enseigné dans les écoles et du coup on a du mal à trouver des compétences dans la population des jeunes diplômés.
Pourtant le cobol est plus structuré, plus mature, plus robuste et très performant que par exemple Java [langage de programmation]. Ces programmes en cobol sont exécutés sur des mainframes qui sont des machines qui ont une sécurité renforcée.
Les applications cobol sont encore très présentes dans les banques et il y a encore pas mal de travail à faire pour ceux qui les compétences dans ce langage.
De plus IBM continue toujours à développer son offre d’ordinateurs de type mainframe. […]»
Lorsque le matériel ou les logiciels doivent être remplacés périodiquement, les budgets informatiques sont fortement alourdis et cela nécessite aussi beaucoup de moyens humains.
Au cours d’un des entretiens que nous avons réalisés, un chef de projets mainframe, nous a dit : « […]Pour les migrations massives, des applications écrites pour le mainframe, vers d’autres systèmes, on donne parfois l’exemple de la CNAF [Caisse nationale des allocations familiales] dont le chantier a duré si j’ai bon souvenir des chiffres, deux ans ou plus et coûté 11 000 jours-homme. C’était un chantier énorme. […]»
Ceci a un impact non négligeable sur les équipes qui doivent se former et s’auto-former sur des technologies en perpétuelle évolution. Pour conduire à bien tous ces projets les informaticiens doivent souvent faire des astreintes en dehors des heures normales de travail.
Pour le matériel informatique des entreprises (ordinateurs, logiciels notamment) l’amortissement comptable est généralement de 3 ans. Alors que pour le reste du matériel non informatique le délai est de 6 à 10 ans et pour le matériel de transport entre 4 à 5 ans.
Comme nous venons de le voir les équipes informatiques sont les premières impactées par les nouvelles technologies. On peut légitimement se demander quelle évolution prendra l’organisation du travail et les conséquences sur ces équipes.
Retour vers le sommaire de l'étude: Les nouvelles technologies ont-elles aussi un impact sur les métiers informatiques dans la banque ?